Être une femme en Nouvelle-Zélande

La Nouvelle-Zélande, appelée Aotearoa en Māori, peut être fière d’avoir été le premier pays au monde à accorder le droit de vote aux femmes, dès 1893 (soit 51 ans avant la France par exemple). Ce droit a été obtenu après une longue lutte menée par les suffragettes, à l’instar de Kate Sheppard. Selon le Gender Gap Index 2022, la Nouvelle-Zélande était classée à la 4ème place mondiale, derrière l’Islande, la Finlande et la Norvège.

Il était donc intéressant de regarder d’un peu plus près les conditions de vie des Néo-Zélandaises, en zoomant sur les domaines pris en compte par le Gender Gap Index 2022 : la participation économique et les opportunités professionnelles, la participation à la vie politique, le niveau d’instruction et la santé. J’y ajouterais des informations relatives aux violences faites aux femmes et quelques Néo-Zélandaises inspirantes à découvrir.

La participation économique et les opportunités professionnelles

Tout d’abord, en 2013, un classement de The Economist affirmait que la Nouvelle-Zélande était le meilleur pays pour les femmes qui souhaitaient faire carrière. Par la suite, Aotearoa était descendue à la 11ème place en 2016, avant de remonter à la 8ème place en 2021. De façon générale, le pays reste plutôt dans le haut du classement.

En 2018, le pays était le deuxième au monde, après les Philippines, à passer une loi accordant un congé payé aux femmes victimes de violences domestiques.

En 2020, le parlement néo-zélandais a adopté une loi sur l’égalité salariale qui garantit une rémunération équitable entre hommes et femmes. L’objectif de cette loi n’est pas que les hommes et les femmes aient une rémunération égale à poste égal, car ce principe était déjà écrit dans la loi depuis 1972. Ce projet de 2020 va plus loin, poussant à augmenter les salaires dans les secteurs majoritairement féminins et généralement féminins, afin qu’ils égalent les salaires des hommes travaillant dans d’autres secteurs. Toutefois, un rapport de 2022 observait que les hommes gagnent en moyenne 10% de plus que les femmes dans le pays.

Au total dans le pays, 81% des hommes ont un emploi rémunéré, contre 72% des femmes. Mais les Néo-Zélandaises ont été frappées bien plus durement par la crise du Covid-19 que les hommes. En 2020, elles représentaient 90% des licenciements liés à la pandémie, et en 2021, beaucoup plus de femmes avaient des emplois précaires.

De plus, dans 90% des cas, les familles monoparentales sont dirigées par une femme, et ce sont ces familles qui sont le plus durement touchées par la pauvreté.

La participation à la vie politique

De la même façon, la Nouvelle-Zélande est exemplaire en ce qui concerne la place des femmes en politique. Depuis octobre 2020, la Première Ministre est Jacinda Adern, et l’on retrouve un nombre un nombre important de femmes au sein du Parlement. En 2021, le pays était ainsi à la cinquième place dans le monde pour la présence de femmes au sein de son gouvernement, avec 48,3%. Jacinda Adern était également la première dirigeante au monde à bénéficier d’un congé maternité en 2018.

En novembre 2022, les ex et actuelles femmes membre du Parlement se sont réunies pour célébrer le fait que la Nouvelle-Zélande ait, pour la première fois dans son histoire, atteint une parité parfaite au sein du Parlement.

Ces progrès sont notamment le résultat du travail de femmes parlementaires qui œuvrent en faveur d’une meilleure représentation et d’une plus grande prise en compte de l’opinion des femmes en politique.

Le niveau d’instruction

A Aotearoa, 80% des hommes et 82% des femmes sont diplômés du deuxième cycle du secondaire ou équivalent.

D’après l’UNESCO, il y a davantage de garçons enfants et adolescents non scolarisés que de filles, et dans l’enseignement secondaire les chiffres sont presque égaux pour les hommes et les femmes, les femmes l’emportant de peu avec 99,1% contre 98,3% en 2020. Dans l’enseignement supérieur l’écart se creuse, avec un taux brut de scolarisation de 97,3% pour les femmes, et de seulement 63,3% pour les hommes.

En 2014, le taux d’alphabétisation chez les personnes de plus de 15 ans était de 99% pour les hommes, et 99% pour les femmes.

La santé

L’espérance de vie chez les femmes est de 84 ans, contre 80 ans pour les hommes.

L’avortement a été dépénalisé en Nouvelle-Zélande en 2021. Auparavant, l’IVG était passible de 14 ans de prison, même si cette loi n’était en fait jamais appliquée.

Il y a encore de nombreuses problématiques rencontrées par les Néo-Zélandaises en termes de santé. Le taux de suicide maternel dans le pays est sept fois supérieur à celui du Royaume-Uni.

De même, 11% des femmes ont déclaré qu’elles n’avaient pas acheté les médicaments prescrits par leurs médecins, faute de moyens financiers suffisants.

Il est aussi important de prendre en compte les inégalités de traitement entre les ethnies présentes à Aotearoa. 78% des habitants du pays sont des Paheka, un terme qui désigne les Néo-Zélandais d’origine européenne. Le peuple Māori reste l’ethnie non-européenne principale, représentant environ 14% de la population ; mais il y a également des personnes d’origine asiatique ou mélanésiens et micronésiens. Les femmes Māori sont 2 fois plus susceptibles de contracter un cancer du col de l’utérus et 2,5 fois plus susceptibles d’en mourir que les femmes non-Māori.

Elles sont également davantage confrontées à des complications lors de la grossesse, avec un taux de 5,6 cas pour 1000 accouchements contre 4,6 pour 1000 chez les femmes d’origine européenne. Ces chiffres sont encore plus inquiétants pour les femmes indiennes avec un taux de 7,2 pour 1000, et de façon générale pour les femmes asiatiques avec un taux de 8,2 pour 1000.

Les violences faites aux femmes

En 2018, 35% des femmes disaient avoir déjà subi des violences physiques de la part de l’un de leurs partenaires, chiffre qui passe à 55% si l’on parle également des violences psychologiques. Les violences au sein des familles sont nombreuses.

La pandémie de Covid-19 a eu pour effet de faire bondir les taux de violences faites aux femmes en Nouvelle-Zélande, à tel point que certains font référence à une double pandémie.

Quelques Néo-Zélandaises inspirantes à découvrir

Erana James, actrice qui porte fièrement son héritage Māori.

Laurie Foon, ex-designer de mode, devenue maire-adjoint de Wellington.

Valerie Adams, athlète spécialiste du lancer de poids, ayant notamment participé aux Jeux de Tokyo. Un documentaire à son sujet intitulé More Than Gold est d’ailleurs sorti récemment.

E. Wen Wong, artiste et activiste pour le climat, elle utilise la poésie pour transmettre son message.

Ngahuia Te Awekotuku, activiste māori pour les droits des femmes et des homosexuel.le.s.

Finalement, même s’il faut reconnaître que la Nouvelle-Zélande a tout d’un leader dans le domaine de l’égalité des genres, il est important de souligner que le chemin à parcourir reste long.

Sources

https://www.ipu.org/fr/actualites/etude-de-cas/2021-03/place-des-femmes-en-politique-la-nouvelle-zelande-exemplaire

https://igg-geo.org/?p=3590

https://www.arte.tv/fr/videos/108333-003-A/en-nouvelle-zelande-les-femmes-ouvrent-la-voie/

https://www.globalcitizen.org/fr/content/new-zealand-equal-pay-amendment-bill/

https://www.globalcitizen.org/en/content/new-zealand-dometic-violence-paid-leave/

https://www.employment.govt.nz/hours-and-wages/pay/pay-equity/gender-pay-gap/

https://information.tv5monde.com/terriennes/l-avortement-depenalise-en-nouvelle-zelande-351979

https://www.oecdbetterlifeindex.org/fr/countries/nouvelle-zelande/

https://uis.unesco.org/fr/country/nz

https://www.marcovasco.fr/oceanie-et-iles/nouvellezelande/infos-pratiques/fiche-pays-nouvelle-zelande.html

https://www.indexmundi.com/fr/nouvelle-zelande/taux_d_alphabetisation.html

https://www.ensemblemagazine.co.nz/articles/womens-healthcare-nz

https://www.ensemblemagazine.co.nz/articles/the-pandemics-disproportionate-impact-on-women-is-derailing-decades-of-progress-on-gender-equality

https://www.newsroom.co.nz/ideasroom/nz-still-a-long-way-from-gender-equality

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