LECTURE | No Home, Yaa Gyasi

Homegoing, ou No Home pour la version française, est un livre de l’auteure américano-ghanéene Yaa Gyasi paru en 2016.

L’HISTOIRE

No Home une œuvre de fiction qui suit la descendance de Maame, une femme ashanti, en commençant par ses deux filles Effia et Esi, qui sont demi-sœurs. Chaque chapitre suit un personnage, ce qui nous permet de découvrir deux personnages par génération, un par branche (de la descendance d’Effia ou d’Esi).

Les deux demi-sœurs ont un destin bien différent : l’une va être mariée à un Anglais, gouverneur du fort de Cape Coast, tandis que l’autre va être réduite en esclavage, et faite prisonnière dans ce même fort.

Au fil des chapitres, on suit l’évolution de cette famille durant plusieurs siècles d’Histoire qui furent marqués par des événements majeurs, des débuts de l’exploitation du cacao au Ghana, en passant par les guerres Anglo-Ashanti et l’esclavagisme, jusqu’à la ségrégation aux États-Unis.

Cet ouvrage couvre donc des thématiques fortes telles que le colonialisme et l’esclavagisme, la drogue, les violences sexuelles, le racisme, les problématiques liées au métissage, le déracinement. Il est particulièrement instructif et intéressant, nous plongeant au cœur des ressentis de chacun.

Chaque chapitre étant centré sur une personne, nous faisons connaissance tour à tour avec quatorze personnages de cette famille brisée par la cruauté des hommes.

L’AUTEURE

Yaa Gyasi est née à Mampong au Ghana en 1989. Dès 1991, ses parents émigrent aux États-Unis. Ils vivent d’abord en Ohio, puis en Illinois, au Tennessee, et finalement en Alabama où Yaa grandit à partir de ses 10 ans.

Son père est professeur de Français à l’université d’Alabama, et sa mère est infirmière.

Étant très timide, elle se sent très proche de ses frères avec qui elle partage cette expérience d’immigration ; et se plonge dans ses livres. A l’âge de 17 ans elle découvre Song of Solomon de Toni Morrison, qui l’inspire à poursuivre une carrière dans l’écriture.

En 2009, elle retourne pour la première fois au Ghana grâce à une bourse de recherche. Elle visite alors le fort de Cape Coast, ce qui l’inspire à rédiger ce roman.

« While I do devoutly believe in the power of literature to challenge, to deepen, to change, I also know that buying books by black authors is but a theoretical, grievously belated and utterly impoverished response to centuries of physical and emotional harm »

trad. : « bien que je croie fermement que la littérature ai le pouvoir de défier, d’approfondir et de changer les choses, je sais aussi qu’acheter des livres d’auteurs noirs n’est qu’une réponse théorique, très tardive et faible à des siècles de préjudice physique et émotionnel »

MON RESSENTI

En lisant le résumé, je me doutais que l’histoire en elle-même me plairait. Je ne savais pas à ce moment-là que chaque chapitre était tourné autour d’un personnage, et après avoir lu ceux d’Effia et Esi, j’ai été perturbée lorsque j’ai lu le nom d’une personne que je ne connaissais pas encore en titre du chapitre suivant.

Il faut rester concentré pour réussir à suivre de quelle lignée fait partie chaque personnage ; et faire le rapprochement entre le passé de ses ancêtres et le tournant que prend sa propre vie. C’est une gymnastique intellectuelle qui vous plonge encore davantage dans l’histoire, mais qui peut aussi potentiellement vous déplaire.

En bref, No Home est un arbre généalogique qui retrace la vie d’une famille disloquée, depuis la période de l’esclavage et de la colonisation au Ghana jusqu’aux problématiques rencontrées par les Afro-Américains.

C’est un livre poignant, qui met l’accent sur l’importance de nos racines et des traumatismes familiaux que nous portons de génération en génération tel un fardeau, sans même qu’ils n’aient eu besoin d’être racontés : ils font quasiment partie de notre ADN.

Douces effrontées

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